Personne n’a tort. On ne peut rien y faire. Ce monde est juste cruel.

Bertolt, l’épisode ! Il était temps.

L’épisode s’ouvre par un flashback incroyable tout droit tiré des premiers épisodes de l’anime. Voir le destin de Marco enfin révélé est un moment de payoff incroyable. C’est génial de voir la version complète avec les apparitions progressives de Marco puis Annie sur la fin. J’adore aussi les détails sur le personnage de Marco, qui avait été établi comme très intelligent. Et ça se voit ici, puisqu’il déduit (certes avec un énorme indice en ayant surprise une conversation) plus ou moins tous les twists des deux premières saisons.

Cela en révèle d’ailleurs beaucoup sur les dynamiques entre les trois guerriers traîtres. Annie est clairement celle qui, finalement, était la plus attachée aux gens qu’elle devait trahir. Ils expliquent même pourquoi elle a sauvé Connie dans l’arc Trost (ce qui aurait pu être vu comme une incohérence avant, car un risque inutile pour quelqu’un d’assez froid). Reiner est celui qui se ment le plus à lui-même, se prétendant complètement impitoyable et leader avant de dissocier complètement car impossible d’admettre la réalité (c’est très cool car on avait déjà vu la scène où il est choqué de la mort de Marco, mais on avait cru à l’époque que c’était du premier degré car il était humain). Les deux personnages sont donc plutôt tiraillés, contrairement à Bertolt.

Ce trio constitue presque un second anime à part entière, comme si on avait vu toute l’histoire à travers les yeux d’un seul côté d’une même pièce. C’est super bien fait et finalement, je n’arrive pas non plus à complètement détester Annie par exemple, et Reiner est plus complexe qu’il n’y paraît. D’ailleurs, la transition ensuite vers le présent où Reiner et Bertolt sont montrés comme complètement sous les ordres du blond barbu (titan bestial) nous fait comprendre qu’ils ne sont également que des pions et qu’ils ne peuvent finalement pas réfléchir et exercer leur libre-arbitre.

Marco prononce d’ailleurs en guise de derniers mots : “on n’a même pas essayé d’en parler”. Et il est en effet bien là tout le problème. Par instinct de survie (et pour sa mission générale de détruire les titans), Marco a fui, et par instinct de survie (et pour leur mission générale de détruire l’humanité et de récupérer le titan originel se trouvant en Eren), les traîtres ont tué.

Cette thématique de ne pas avoir pris le temps de réfléchir est un peu centrale à la dernière partie de l’anime, et elle apparaît bien ici. Il y a également je crois la première mention (du moins aussi explicite et visible) du termes “démon” (ou “race maléfique”) pour parler de l’humanité que Reiner devait exterminer. On sent néanmoins qu’il cherche à s’auto-convaincre pour justifier les massacres, justement.

Bertolt est par contraste le plus minutieux, le plus silencieux, le moins meurtrier des 3 aussi pour l’instant… mais par conséquent, le plus dangereux. C’est sans doute pour cela que lui, et pas Reiner (très instable), possède un titan aussi colossal mais aussi lent et dépendant des autres.

Armin a en effet la même réflexion que Marco dans le présent : ils n’ont jamais essayé de négocier ou de parler avec les guerriers. Armin attribue ça à nouveau à un manque d’information, ce qui finalement est le principal vecteur de toute cette guerre. C’est super intéressant car en effet, l’anime est motivé par des twists et de l’action. Donc, les surprises et les rebondissements vont de pair avec les trahisons et des combats inattendus épiques. Sauf que quand la conclusion approche le bout de son nez, et que l’issue du combat devient inévitable, certains se demandent “pourquoi”. Pourquoi on n’en a pas parlé, par exemple. La réponse est bien le manque d’informations. L’amnésie forcée du peuple par le premier roi, l’histoire réécrite à la guise des puissants : tout le premier arc de la saison prend finalement son sens, puisqu’il a servi à lever le voile sur le monde humain. Ce qui permet enfin aux personnes comme Armin de tenter de lever celui sur le monde titan.

Maintenant qu’Armin et les héros parlent le même langage qu’eux (contrairement à la saison 2 par exemple, où on repense aux scènes avec Ymir, Reiner, Bertolt et Eren, où ce dernier était aussi perdu que le spectateur), Armin tente une approche avec Bertolt.

C’est hypra intéressant, car derrière le fait de gagner du temps et de réaliser un plan, on sent que la démarche d’Armin est sincère. Mais malheureusement, le timing n’est pas encore bon, puisque les guerriers sont persuadés d’avoir raison et ne lâche pas le morceau sur leur version de la vérité (alors qu’ils ont très certainement eux aussi une vision partielle de la réalité). Et en plus, Bertolt n’est juste pas la bonne personne pour négocier.

Certes, il y a eu sa rupture de ners en saison 2 lorsqu’Armin évoquait Annie. C’est littéralement le seul moment où Bertolt a exprimé une fragilité, voire juste une émotion. Ça nous rappelle qu’il reste humain… mais c’est bien la seule chose. Car sinon, contrairement à Reiner, sa posture est claire : il reconnaît que ses amis sont innocents, ne sont pas des “démons” (il reprend le terme de Reiner), que cette guerre est insensée. Mais qu’ils doivent mourir quand même. Car ça permettrait d’y mettre fin et de s’assurer que plus personne ne subisse les dilemmes qu’ils ont subi.

Dès lors, il n’y a rien à marchander : Bertolt est d’accord avec tous les points qu’Armin pourrait avancer mais en arrive malgré tout à la conclusion inverse que celle souhaitée. C’est bien Bertolt qui, finalement, a toujours eu la tête sur les épaules et était le soldat traître parfait. C’est d’ailleurs Reiner qui craque en saison 2 et révèle leurs identités. Voir Reiner prétendre être le leader de leur duo est donc très révélateur.

Bertolt se transforme enfin, mais dur de croire qu’Hanzi n’a pas eu le temps de s’éloigner et qu’elle est donc potentiellement morte dans l’explosion (même si on n’y croit pas une seconde). Avoir tiré en longueur le dialogue Armin/Bertolt entraîne un certain flou au niveau de la gestion de l’espace du combat : j’avais compris que l’escouade Hanzi était bien loin, et que c’est les jeunes recrues et Eren qui étaient en danger.

C’est un détail fâcheux, mais néanmoins remarquable comme il conclut l’épisode.

Et puis il y a une autre tâche à l’épisode, qui m’empêche de lui mettre une meilleure note (car sinon il est super) : Reiner qui survit beaucoup trop longtemps. Sérieux, pourquoi, POURQUOI aucun foutu soldat n'a été foutu d'en finir avec la carcasse de Reiner ?!

C'est un non-sens assez frustrant qui s’explique facilement, mais bon. La non-mort de Reiner était prévisible car son histoire est loin d’être finie. Et on peut l’expliquer physiquement car Reiner vient de nous dire dans l’épisode précédent, qu’il peut transférer sa conscience ailleurs que dans son cerveau.

Mais franchement, c’est mal amené. Que Connie et Sasha hésitent, certes, mais il aurait suffi qu’un seul soldat, qu’UNE seule personne n’hésite pas pour en finir. Qu’ils croient tous sans exception qu’il est vraiment mort (alors que les titans ont toujours eu des pouvoirs de régénération inattendus, surtout proches de la mort), c’est le même constat : c’est de l’écriture fainéante, alors qu’Armin vient de prouver qu’il faut toujours s’attendre à ce que l’ennemi ait une longueur d’avance. J’ai un peu eu peur que l’épisode soit plombé par ce passage où on voit le bataillon se lamenter sur la mort à venir de Reiner, mort qui ne vient pas. Tout ça pour dire ensuite “oh bah on a failli pouvoir l’achever”. Cela fait 2 fois en trois épisodes pour Reiner, c’est beaucoup.

Et finalement, l’anime essaie trop de teaser la mort de personnages importants, alors qu’il est assez conservateur là-dessus depuis le début à part le premier arc… On capte très vite quand un arc touche à sa fin (Hannes en saison 2, Erwin ici), et au contraire on capte très vite quand un arc démarre (Reiner). C’est un peu le syndrome Game of Thrones : à force de tuer des personnages clés, on comprend le rythme et les limites.

Je me doutais bien qu'on allait pas en finir là avec Reiner, et idem, je suis persuadé que le groupe d'Hansi n'est pas mort, ce serait totalement anti-climatique. Pourtant je suis quasi sûr qu'on va nous faire un pseudo-deuil et qu'Hansi n'apparaîtra pas du prochain épisode, pour mieux revenir ensuite l'épisode d'après, ou un truc du genre.

En fin de compte, ici, la pseudo-remontée des méchants sonne donc assistée par la main invisible du montage.

Heureusement, tout le reste de l’épisode est si bien (flashback de Marco, dialogue Reiner/Bertolt, dialogue Bertolt/Armin, et toujours les qualités visuelles et sonores de l’anime) qu’on oublie ce faux-départ. Mais il ne faudrait pas que la série tombe dans ces pièges trop souvent.

C'est reparti dans l'épique à fond les ballons. Le twist sur la mort de Marco était incroyable et complètement innatendu. J'ai même cru que début que mon lecteur s'était trompé d'épisode pour passer un vieil épisode de la saison 2. La gestion du trio Reiner-Beirthold-Annie est vraiment une belle prouesse d'écriture, puisque même à ce stade de la série, je ne parviens pas à les détester. Reiner continue même d'être mon personnage préféré.